Depuis son enfance, Nancy Ba a nourri des rêves ambitieux. Aimant particulièrement écrire, elle a un temps envisagée une carrière dans le journalisme de mode et se rêvait alors en rédactrice en chef de Vogue.

Ses aspirations ont évolué au fil du temps. Un livre sur les Tudors, offert par son frère, a suscité son intérêt pour l’Histoire et le XVIe siècle. Durant les vacances, elle consacrait alors beaucoup de temps à la lecture sur la Renaissance, ce qui conduit à s’intéresser à l'évolution de l’usage des images pour la propagande.

Son parcours académique a été marqué par une série de découvertes et d'explorations intellectuelles. Pendant ses années de licence en Histoire de l’Art à Sorbonne Université (ex.Paris 4), elle s’intéresse au XVIIe siècle, mais c'est un cours sur la sculpture publique dispensé par Thierry Laugée, qui a éveillé son intérêt pour ce domaine particulier.

Axant ses recherches de Master sur l'Empire colonial du Second Empire, elle a étudié particulièrement l'œuvre intitulée « Les Quatre Parties du monde soutenant la sphère céleste » de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875). Elle se concentre sur la représentation de l'Afrique, continent sur lequel alors se focalise l’Empire colonial.

Après un nouveau Master 1, en conservation et restauration à Paris 1, Nancy a éprouvé le besoin de revenir à la recherche. C'est ainsi qu'elle a entamé sa thèse auprès de Thierry Laugée à Sorbonne Université, intitulée "Colorer l’Afrique : polychromie de la carnation et matérialisation du derme dans la représentation sculptée de l’africain (1859-1931)".

Sa thèse explore une période allant de 1859, avec l'ouverture de la galerie d'anthropologie du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) à Paris, jusqu'en 1931, année de l'inauguration de la galerie d'anthropologie du Field Museum of Natural History à Chicago. Les sculptures de cette galerie, The Hall of Man, ont été réalisées sur commande,par l’artiste Malvina Hoffman (après un voyage à travers le monde. Elle représente des bustes et des sculptures grandeur nature d’hommes et de femmes principalement réalisés en bronze, matériau jusqu’alors peu utilisé pour les sculptures anthropologiques, plus usuellement réalisée en plâtre coloré. Ces sculptures entre vision artistique et anthropologique marquent une étape dans les représentations de l’altérité.

Nancy Ba entame sa deuxième année de thèse. Ses recherches impliquent une analyse approfondie des œuvres, en se concentrant sur les moulages du MNHN ainsi que sur les archives de Malvina Hoffman et Herbert Ward, autre sculpteur ethnographique dont les archives sont conservées aux États-Unis.

Elle explore également les nombreux catalogues de salons artistiques (salons officiels, expositions universelles, etc) de l’époque. A travers ses sources se révèlent des titres d’œuvres parfois ambivalents avec des glissement sémantiques d’un catalogue à l’autre, des délimitations géographiques mouvantes de ce qui désigne l’Afrique qui par exemple n’incluent pas toujours l’Afrique du Nord.

Son travail sur les patines des sculptures lui a permis d'explorer les recettes utilisées, notamment celles du manuel de vulgarisation Roret (voir le focus)  publié en 1870. Les recettes comme les titres évocateurs (couleur « café au lait », « Nankin », « tête de nègre » etc) permet de comprendre comment la couleur de la peau a été représentée et interprétée à travers les matériaux et les techniques artistiques.

Le parcours de Nancy Ba témoigne de son enthousiasme et sa constante curiosité intellectuelle. À travers ses recherches, elle éclaire des aspects complexes de l'histoire de l'art et de la représentation culturelle, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de recherches. En 2024, elle compte explorer les archives américaines de Malvina Hoffman et d’Herbert Ward et entamer des études physico-chimique des moulages du MNHN afin de compléter les données déjà acquises.