Retour sur le colloque « Colour Matters 2023 »
Journal de bord d'Emma Bensidhoum, étudiante en Master 1 LLCER Anglais - Littérature (Sorbonne Université), lauréate de la bourse de voyage pour le colloque "Colour matters" à Oxford en décembre 2023.
Oxford Diary : le colloque « Colour Matters 2023 »
Grâce à l’obtention de la bourse de voyage étudiante OPUS-Sorbonne Université, Emma Bensidhoum, étudiante en littérature à Sorbonne Université, s'est rendue au Trinity College Oxford pour assister au colloque « Colour Matters 2023 : Exploring Colour and Chromatic Materialities in the Long Nineteenth Century (1798-1914) », organisé entre le 6 et le 8 décembre par le projet ECR Chromotope.
Voici son journal de bord.
La couleur en questions
« Colour Matters » proposait de poser les enjeux de la question de la couleur au cours du XIXe siècle, alors que la période victorienne est marquée par le grand tournant des années 1850 avec ce qui a été appelé « révolution de la couleur », grâce aux avancées scientifiques, notamment la découverte des pigments de synthèse qui ont alors remplacé les colorants naturels.
En réunissant cinquante communicants, le colloque a pu mettre en avant la diversité et la richesse des études sur la couleur au travers de cinq sessions parallèles interdisciplinaires. J’ai pu assister à cinq conférences : « Les bases de données, du pigment aux pixels », « Le pouvoir de l’imprimerie », « Porter la couleur », « Le corps sensible », « Disséminer la couleur », dont la diversité m’a fait comprendre qu’il était nécessaire de voir plus loin que le domaine de la littérature, sur lequel j’effectue ma recherche de Master 1. J’ai alors pu faire de nombreux rapprochements entre les textes que j’étudie, les objets de l’exposition et divers éléments et informations scientifiques et artistiques transmis lors des conférences.
Colour revolution
Organiser « Colour Matters » à Oxford, c’était aussi un moyen de le faire corréler avec l’exposition « Colour Revolution: Victorian art, fashion and design » (21 septembre 2023 – 18 février 2024), proposée au musée Ashmolean d’Oxford par le projet Chromotope. Une visite privée a été organisée dans le cadre du colloque, et c’est à cette occasion que j’ai pu découvrir les très nombreux objets d’art de l’époque victorienne, qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, fut l’une des périodes les plus colorées de l’histoire ! L’explosion de couleurs au XIXe siècle, célébrée lors de l’Exposition Universelle de 1862, résulte comme d’un choc entre le développement de l’industrie du charbon et la découverte de l’aniline par W. H. Perkin.
Lors de la visite, j’ai été stupéfiée par la diversité des objets d’art exposés : un mélange d’œuvres bien connues par les amateurs d’art, comme Mariana de J. Everett Millais ou Vivien de F. Sandys, mais aussi d’objets plus insolites comme le « Hummingbird Necklace » de H. Emanuel, un collier de l’époque victorienne qui a pour étonnante particularité… d’être ornementé de têtes d’oiseaux taxidermisées !
Un sujet abstrait et intemporel
Assister à ce colloque a contribué à me faire rassembler un bon nombre d’éléments qui m’aideront considérablement dans le cadre de l’écriture de mes mémoires de Master. La couleur est un domaine qui relie de nombreux champs de recherches et d’études, et qui, finalement, ne peut se comprendre qu’à la croisée de la science, de l’art, de la littérature et de la technologie. Au fil des conférences, la couleur a été traitée au travers de nombreux media : pigments, mots, tissus, musique, questions d’identités, notamment. La couleur, semble-t-il, est une affaire de perception, mais aussi de traduction d’un medium à un autre. Il a été finalement mis en avant par les organisateurs de « Colour Matters », Charlotte Ribeyrol (Professeur de littérature victorienne à Sorbonne Université) et Stefano Evangelista (Professeur de littérature à University of Oxford), lors de la conférence de clôture que, à propos de la couleur, il est impératif d’avoir à l’esprit la problématique de sa préservation dans le temps.
La flexibilité de la couleur suppose un besoin de collaboration interdisciplinaire, ce que « Colour Matters » a rendu possible pour la première fois à l’échelle internationale. La problématique d’ouverture était de se demander pourquoi s’intéresser à la couleur, ce à quoi l’on a répondu que c’est un sujet abstrait et intemporel qui subit en permanence un renouvellement, avec un monde chromatique qui nous parait à tous de plus en plus évident, notamment lorsqu’il est mis à la lumière de la crise climatique.
Je tiens à remercier l’Observatoire des patrimoines de l’Alliance Sorbonne Université de m’avoir accordé la possibilité de faire ce voyage d’études, qui représente pour moi un grand tournant dans le cadre de ma recherche.
Emma Bensidhoum, étudiante en Master 1 LLCER Anglais - Littérature