AAP 2017-2018 – Retour sur le projet GAHTI
Le projet GAHTI ( Géoarchéologie des Aménagement Hydrauliques du Territoire d’Igîlîz) a pour objet l’étude d’une zone géographique située en contrebas d’une forteresse ayant joué un grand rôle dans l’histoire du Maghreb médiéval : la forteresse d’Igîlîz dans l’Anti-Atlas occidental au Maroc.
La montagne d’Igiliz, fut le lieu d’implantation d’une forteresse médiévale, occupée au début du 12ème siècle par une communauté de religieux voués à une réforme politico-religieuse qui aboutira un quart de siècle plus tard au califat Almohade. Le califat Almohade a régné sur l’ensemble du Maghreb et al-Andalus – la péninsule Ibérique sous domination islamique – du milieu du 12ème siècle au milieu du siècle suivant. Plus vaste empire qu’ait connu l’Occident musulman durant le Moyen Âge, il est surtout connu aujourd’hui du grand public pour ses remarquables réalisations architecturales, encore visibles à Marrakech, Rabat et Séville.[1]
Le site a été découvert en 2004 par J-P Van Staevel et A. Fili. Les premiers travaux sur ce site ont permis de débuter des fouilles en 2009 et d’établir le « Jebel central », c’est à dire là où sont concentrés, durant l’époque médiévale, les bâtiments et les activités humaines.
Le projet GAHTI, concerne quant à lui une zone située en contrebas de la forteresse, dans la vallée de l’Assif Bargane dans les montagnes de l’Anti-Atlas. En 2016, des vestiges de seguias – canaux d’irrigations à ciel ouvert – ont été découverts. Ces vestiges hydrauliques, non mécanisés, servant à l’irrigation des cultures des oasis de fond de vallée étaient présents sous la forme de structures en pierres sèches et ont fait l’objet d’un programme d’études au printemps 2018 avec l’équipe de Stéphane Desruelles (Maître de conférence, Sorbonne Université, FRE 2026 ENeC (Espaces, Nature et Culture)).
Le résultat des recherches rassemblant études archéologique et architecturales, études hydrologique et géomorphologique, étude géographique et ethnographique et étude archéobotaniques ont été intégrés dans une base de données géolocalisées associée à un système d’information géographique (SIG).
L’étude archéologique a d’ores et déjà permis de découvrir des structures construites anciennes, témoignant de l’intensité de l’occupation du secteur depuis plusieurs siècles. Les résultats des prélèvements réalisés lors du projet GAHTI sont encore en cours d’analyse. Ils permettront certainement d’améliorer la compréhension notamment d’un système d’approvisionnement en eau, à l’interface entre dynamiques naturelles et sociétales, nécessaire au développement de l’oasis.
Ce programme s’inscrit par ailleurs d’une manière générale dans un démarche de patrimonialisation, visant à étudier les potentialités de valorisation d’un objet patrimonial – les techniques d’irrigation – qui a joué un rôle clé dans le processus de construction des paysages et des territoires oasiens du sud du Maroc. [2]
Références :
[1] In La montagne d’Îgîlîz et le pays des Arghen. Enquête archéologique sur l’histoire du peuplement rural dans le Sud marocain au Moyen Âge et à l’époque prémoderne. Programme de coopération archéologique dirigé par Jean-Pierre Van Staëvel (Professeur, Université de Paris-Sorbonne, UMR 8167), Ahmed S. Ettahiri (Professeur, INSAP-Rabat), Abdallah Fili (Professeur, Université Chouaib Doukkali-El Jadida, UMR 5648)
[2] Jean-Pierre Van Staëvel, Abdallah Fili et Ahmed Ettahiri, « La montagne d’Îgîlîz et le pays des Arghen. Rapport 2018 », Archéo-CVZ. Carnet des fouilles archéologiques de la Casa de Velázquez, mis en ligne le 11/02/2019.
Sources
Jean-Pierre Van Staëvel, Abdallah Fili et Ahmed Ettahiri, « La montagne d’Îgîlîz et le pays des Arghen. Rapport 2018 », Archéo-CVZ. Carnet des fouilles archéologiques de la Casa de Velázquez, mis en ligne le 11/02/2019.
Jean-Pierre Van Staëvel, Abdallah Fili et Ahmed Ettahiri, « La montagne d’Îgîlîz et le pays des Arghen. Enquête archéologique sur l’histoire du peuplement rural dans le Sud marocain au Moyen Âge et à l’époque prémoderne. », Missions archéologiques, faculté des lettres, Sorbonne Université.
Illustration
Section de seguia restaurée en 2013 dans le secteur de Tizgui partiellement détruite par une crue (© J. Dabkowski)
Équipe du projet
- DESRUELLES, Stéphane, FRE 2026 ENeC (Espaces, Nature et Culture)), Sorbonne Université
- CHUNG-TO, Guillaume, UMR 8167 « Orient & Méditerranée », Sorbonne Université
- COSANDEY, Claude, UMR 8591 « Laboratoire de géographie physique », CNRS
- DABKOWSKI, Julie, UMR 8591 « Laboratoire de géographie physique », CNRS
- ETTAHIRI, Ahmad S., Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (Maroc)
- FILI, Abdallah, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida (Maroc)
- GROSSEL, Rémi, FRE 2026 « Espaces, Nature et Culture », Sorbonne Université
- HERITIER-SALAMA, Violaine, UMR 7186 « Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative » et UMR 8167 « Orient & Méditerranée », Sorbonne Université & Université Paris Nanterre
- VORRA, Sarah, UMR 5554 « Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier », CNRS
- LEBRETON, Vincent, UMR 7194 « Histoire naturelle de l’Homme préhistorique »,MNHN
- RUAS, Marie-Pierre, UMR 7194 « Histoire naturelle de l’Homme préhistorique », MNHN
- VAN STAEVEL, Jean-Pierre, UMR 8167 « Orient & Méditerranée », Sorbonne Université et Paris 1 Panthéon Sorbonne